Nous avons repris ici une sélection de questions qui nous sont souvent posées lors des formations. Nous y répondons sur base de notre expérience et de notre manière de voir les choses. Nous vous invitons à lire ces questions-réponses non pas comme des vérités absolues, mais comme des sources d’inspiration qui pourront vous aider à construire votre propre point de vue.
Les questions sont organisées autour de 5 catégories :
L'apprentissage de la technique
Vos interrogations (ou celles de votre entourage)
Les risques éventuels
La Communication Connectée au-delà des bébés
La Communication Connectée : un outil destiné aux parents ou aux professionnels ?
1. Questions liées à l'apprentissage de la Communication Connectée
1. COMBIEN DE TEMPS ÇA PREND POUR APPRENDRE LA COMMUNICATION CONNECTÉE ?
Dans les ateliers que nous organisons, la majorité des participants parviennent à manipuler les baguettes de sourciers en quelques minutes seulement. Parfois, il faut un peu plus de temps pour obtenir des "oui" et des "non" clairs et fiables, que ce soit avec les baguettes ou le test musculaire. Ce rythme est propre à chaque personne évidemment, certains auront besoin de plus de temps, d’autres moins. Mais, que cela prenne beaucoup ou peu de temps au départ a finalement peu d’importance tous ceux qui s’y attellent y arrivent à un moment donné.
Au-delà de l’apprentissage technique pour manier les baguettes ou le test musculaire, il y a aussi tout ce qui concerne le centrage, les intentions, l’art de poser les bonnes questions, etc. Et là, c’est vraiment une question de pratique. Le mot-clé, c’est s’entraîner et s’entraîner encore, comme pour tout apprentissage, et rapidement, les échanges deviennent alors plus fluides et plus naturels.
2. Est-ce qu’il faut avoir beaucoup d’intuition ou des dons spéciaux ?
Non, il ne faut pas avoir de dons spéciaux. Certaines personnes se bloquent en se disant : « Je ne suis pas très bon pour ce genre de choses » et sont parfois surprises d’y arriver facilement.
Pour ce qui est de l’intuition, même si au départ certains pensent ne pas en avoir, la communication connectée aide justement à la développer. Elle nous invite à formuler des propositions à notre enfant : comment se sent-il ? Fâché ? Triste ? Ennuyé ? À force de pratiquer la communication connectée, nous pouvons remarquer que nos propositions tombent juste plus rapidement. De nombreux parents ont développé leur intuition sans s'en rendre compte. D’ailleurs, parfois, certains parents remarquent qu'ils sentent déjà si la réponse de leur enfant sera un « oui » ou un « non », avant que les baguettes ne bougent, ou qu'ils aient fait pression sur le muscle. Ils reçoivent la réponse de manière intuitive, sans passer par le relais des baguettes ou du test musculaire. Qui sait, peut-être un jour, aurons-nous tellement aiguisé notre capacité d’être relié à nos enfants que nous n’aurons plus besoin de passer par le test musculaire ou les baguettes... Comme ces mamans qui savent quand leur enfant a faim, même lorsqu’elles sont au travail, loin de lui, parce qu’elles ressentent une montée de lait. Peut-être la communication connectée n’est-elle qu’une première étape vers un avenir où nous aurons tous développé une capacité plus fine à être à l’écoute de tout ce qui nous entoure...
3. COMBIEN DE TEMPS LA TECHNIQUE REQUIERT-ELLE AU QUOTIDIEN ? EST-CE QUE C’EST POSSIBLE AVEC UNE FAMILLE NOMBREUSE ?
Oui, bien sûr, c’est possible avec une famille nombreuse. Une fois l’habitude prise, la plupart des conversations avec un bébé ne prend pas plus de deux ou trois minutes, c’est-à-dire le même temps que l’on prend pour clarifier quelque chose avec un enfant plus âgé.
Mais c’est vrai aussi que les premières conversations peuvent prendre plus longtemps, parfois jusqu’à dix ou quinze minutes. C’est lié en particulier à l’art de poser les bonnes questions, qui s’acquiert avec la pratique (voir chapitre 3 – L’art de la conversation, page 51).
D’après notre expérience et celle de nombreux parents, la communication connectée fait gagner du temps, parfois beaucoup de temps, en aidant à désamorcer des pleurs ou à choisir des activités qui conviennent bien à tous. La question n’est dont pas tant celle du temps que celle de la disponibilité d’esprit et du désir de communiquer aussi avec les bébés.
4. Y A-T-IL DES BONNES ET DES MAUVAISES POSTURES ? ASSIS OU DEBOUT ?
En ce qui concerne les baguettes, nous avons remarqué que lorsqu’on débute, pendant les premiers essais, il est plus facile de les utiliser débout et en marchant. Le mouvement du corps induit des micro-mouvements au niveau des mains qui permettent aux baguettes de bouger avec plus de fluidité. Cela aide aussi à moins nous focaliser sur les baguettes, une partie de notre attention se portant sur la marche. Le fait de ne pas être dans l’attente d’une réponse permet à celle-ci de venir plus facilement. Faisons l’analogie avec une conversation « classique » : si après avoir posé une question à quelqu’un, nous restons suspendus à ses lèvres avec la respiration coupée, cela risque de lui mettre une pression peu propice à une conversation naturelle. Il en est de même avec les baguettes : plus nous serons détachés et relax, mieux nous pourrons accueillir la réponse. Pour cette raison, il est aussi plus facile pour certaines personnes de pratiquer au début le test musculaire en marchant. À vous de voir ce qui vous convient le mieux.
Une fois que l’on a trouvé ses marques, à peu près toutes les postures sont bonnes : debout, assis ou même couché dans son lit !
5. EST-CE QU’ON PEUT ATTENDRE QUE LE BÉBÉ DORME POUR COMMUNIQUER ?
D’après notre expérience, techniquement, c’est possible, car ce n’est pas la conscience éveillée ou endormie de notre bébé avec laquelle nous communiquons, mais une partie plus profonde de lui. Malgré cela, en pratique, nous attendons son réveil le lendemain matin pour échanger avec lui. Même si les communications connectées n’ont pas l’air de perturber son sommeil, nous préférons le laisser dans sa bulle. Et puis, rappelons-le (voir page 97), il est préférable de parler à voix haute à côté de notre enfant pendant les communications connectées.
6. Peut-on communiquer avec l’enfant dans les bras ? Par exemple quand il boit son biberon, quand il demande un câlin ou quand il pleure ?
Oui, c’est possible tant avec le test musculaire qu’avec les baguettes. Pour pratiquer le test musculaire, il suffit que nos mains se rejoignent autour de lui. Avec les baguettes, on porte l’enfant d’une main et on pratique la communication connectée avec une seule baguette dans l’autre main.
L’idéal est d’utiliser les deux baguettes, une dans la main gauche et une dans la main droite pour solliciter les facultés de nos deux hémisphères cérébraux, des plus rationnelles au plus créatives.
Cela dit, en pratique, une seule baguette peut très bien faire l’affaire. Évidemment, faisons attention d’écarter suffisamment la baguette pour qu’en tournant, elle ne heurte pas l’enfant.
7. Comment faire quand l’enfant pleure en même temps ?
Nous avons remarqué que notre enfant était réceptif, même en pleine crise de larmes, à la communication connectée. Comme par magie, quand il pouvait exprimer ce qui lui tenait à cœur et qu’il se sentait entendu, les larmes s’arrêtaient. Il semble que les bébés sont capables de passer très rapidement d’une émotion à une autre, bien plus vite que nous, adultes, qui prenons parfois bien plus longtemps pour digérer une émotion inconfortable. Il nous paraît donc bénéfique, même en pleine tempête, de proposer à l’enfant une communication connectée. Cela dit, ça vous demandera de trouver pendant ses pleurs suffisamment de calme intérieur pour pouvoir vous connecter à lui et recevoir ses réponses. Si les pleurs constituent une source trop importante d’inconfort ou d’énervement pour vous, ce stress risque de faire interférence et il vaut mieux éviter de vous lancer immédiatement dans une communication connectée.
Si quelqu’un peut prendre le relais avec votre enfant, vous pouvez vous retirer dans une pièce à côté pour être plus au calme. Habituellement, nous recommandons de communiquer en présence de l’enfant, mais là, c’est un cas où nous pouvons choisir de faire exception à la règle.
Si à ce moment-là, personne n’est disponible pour prendre le relais, à vous de sentir s’il vaut mieux reporter la conversation et rester auprès de votre enfant, ou alors, le laisser pleurer seul quelques instants, le temps pour vous de trouver plus loin suffisamment de silence et de calme intérieur pour démarrer une communication connectée.
8. Je n’arrive pas à recevoir un signal des baguettes. Que faire ?
Il y a différentes raisons possibles :
Vous tenez les baguettes de manière trop ferme. Amusez-vous à donner une petite impulsion à la pointe d’une des deux baguettes – elle devrait pouvoir pivoter sans entrave. Pour mémoire, vos pouces ne doivent pas reposer sur les baguettes mais sur vos doigts.
Vous tenez les baguettes de manière trop lâche. Avec les baguettes en main, relâchez les bras le long du corps, puis remontez à nouveau les bras jusqu’à ce que les baguettes soient horizontales et parallèles, pointant droit devant vous. Normalement, elles doivent rester dans cette position. Si elles se mettent à tournoyer, vous les tenez probablement de manière trop lâche.
Vous voulez vraiment (trop !) que ça marche. Parfois, quand quelque chose ne marche pas du premier coup, on se crispe et on répète les choses avec de plus en plus d’intensité. Si c’est votre cas, prenez quelques grandes respirations et changez d’état d’esprit. Dites-vous : « Je joue, je m’amuse, si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, je pourrai recommencer plus tard ».
Vous n’y croyez pas trop à la base. Certaines personnes sont mal à l’aise avec les baguettes. D’autres se disent : « Moi, j’ai pas de talent pour ce genre de choses ». Dans les deux cas, il est possible qu’inconsciemment, ces messages mettent un frein au bon déroulement de vos tentatives. Faites un choix clair : soit vous mettez les baguettes de côté ; soit vous vous lancez dans l’expérience en vous accordant l’autorisation de réussir. Dans ce cas-là, prenez ça comme un jeu, mettez un chapeau d’explorateur et partez à l’aventure.
Une des deux baguettes bouge, mais pas l’autre. C’est un cas que nous avons rencontré avec plusieurs participants lors des ateliers. Nous avons deux hémisphères cérébraux, nous sommes droitiers ou gauchers, bref un côté peut être plus sensible que l’autre. Commencez à pratiquer avec une seule baguette du côté où cela fonctionne déjà. Quand vous serez plus à l’aise, vous pourrez choisir de réessayer avec deux baguettes (mais ce n’est pas obligatoire).
De manière générale, faites-vous le cadeau du temps. Si ça ne marche pas tout de suite, réessayez quelques heures ou quelques jours plus tard, sans vous mettre de pression. Certaines personnes parviennent à utiliser les baguettes en quelques minutes, d’autres prennent quelques jours ou semaines.
9. Parfois je n’ai pas l’autorisation de communiquer avec mon bébé. Qu’est-ce que je dois faire ?
Pour nous, la première chose à faire, c’est de respecter le choix de votre bébé ! Imaginez une conversation classique avec un ami. Si vous lui dites que vous n’avez pas envie d’aborder un certain sujet, vous vous attendez à ce qu’il respecte votre souhait. De la même manière, respectons nos enfants quand ils ne veulent pas communiquer avec nous. Il ne faut pas le prendre personnellement, comme quelque chose qui serait dirigé contre nous. Peut-être n’a-t-il pas envie d’entamer la conversation juste à ce moment-là, ce n’est pas un bon timing pour lui. Peut-être est-il ravi que vous ouvriez une communication connectée, mais il voudrait discuter d’abord d’un autre sujet plus important à ses yeux que celui que vous proposez. Quoi qu’il en soit, respectons son choix et ne forçons pas les choses.
Pour autant, ce n’est pas nécessairement la fin de la conversation. Si vous voulez savoir pourquoi vous n’avez pas la permission, vous pouvez lui demander : « Est-ce que j’ai l’autorisation d’explorer pourquoi tu ne nous donnes pas l’autorisation de parler de <sujet que vous vouliez aborder> ? ».
Si vous recevez à nouveau un « non », alors n’insistez pas. Si vous avez un « oui », demandez ce qui fait obstacle à la permission. Parfois, il suffit de se recentrer. Parfois il faut dire ou faire quelque chose avant de communiquer. Par exemple, changer de pièce pour être au calme et mettre toutes les chances de votre côté pour une bonne conversation.
Vous pouvez aussi demander à votre bébé s’il voudrait en fait aborder un autre sujet que celui que vous proposiez. Enfin, vous pouvez vérifier si vous êtes la personne la plus appropriée pour cette conversation. Il y a des choses qu’un enfant dit plus facilement à son papa ou à sa maman. Bref, quand vous ne recevez pas l’autorisation de votre bébé, vous avez le choix : Vous pouvez vous arrêter là (quitte à réessayer à un autre moment), parfois il est plus juste d’accepter que de chercher à comprendre ; Vous pouvez aussi explorer avec votre enfant ce qui cause ou pourrait débloquer son refus.
10. EST-CE QUE JE PEUX UTILISER UN PENDULE, AU LIEU DES BAGUETTES OU DU TEST MUSCULAIRE ?
Oui, tout à fait. Vous pouvez essayer avec un pendule, ça marche tout aussi bien. Il existe d'ailleurs un groupe de partage entre parents sur Facebook et plusieurs d'entre eux utilisent le pendule. Ils ont déjà raconté leur expérience à travers cet outil-là, ça vous intéressera peut-être...
Le moyen - que ce soit les baguettes, le test musculaire, le pendule, le pouls chinois, ou autre - importe peu finalement, du moment qu'on reçoit un code bien clair et distinct pour le "oui" et un autre pour le "non".
Nous n'avons pas parlé du pendule dans "J'ai tant de choses à dire" car, à l'époque où on a écrit le livre, nous n’en avions encore jamais eu entre les mains (depuis on a essayé !), donc cela aurait difficile d'en parler sans avoir jamais testé. Mais ça marche tout aussi bien.
Donc n'hésitez pas à essayer... Et si vous avez d’autres questions, n'hésitez pas à les poser sur le groupe des parents qui pratiquent la Communication Connectée. Ils pourront vous faire part de leurs propres expériences aussi, c'est un groupe très enrichissant et inspirant..
11. Parfois, le test musculaire bloque et j’obtiens la même réponse pour un « oui » et pour un « non ». Que faire ?
Cela peut arriver, pas de souci ! Voici différentes pistes à explorer :
Première chose à faire : vous détendre, bien vous centrer. Si besoin, référez-vous à la partie du chapitre 2 qui parle du centrage (page 43).
Ensuite, reprenez depuis le début. Demandez simplement un « oui » et un « non ». Pour vous entraîner, vous pouvez vous amuser à poser des questions tout à fait anodines, sans enjeu particulier, par exemple : « Est-ce que je porte des chaussettes vertes aujourd’hui ? », « Est-ce que j’ai les yeux bleus ? », « Est-ce que je m’appelle Jeannette ? », etc.
Si tout va bien, vous pouvez alors redemander l’autorisation à vous-même pour cette conversation, vous connecter à votre enfant, demander son autorisation, etc.
Si malgré ces petites questions sans enjeu, le « oui » et le « non » ne reviennent pas facilement, c’est parfois lié à la difficulté de dire « oui » ou « non ». Par exemple, certaines personnes ont du mal à dire « non » dans la vie de tous les jours et acceptent parfois des choses qu’elles regrettent par la suite. D’autres ont du mal à dire « oui » à certains aspects de leur vie. Prenez une bonne respiration, et accordez-vousle droit de dire et d’entendre ces deux mots. Prononcez-les à voix haute et demandez aux baguettes ou au test musculaire de vous indiquer eux aussi un « oui » et un « non » clairs.
Une autre piste : si vous avez l’habitude de faire la communication connectée avec vos doigts, faites-le pour changer avec les baguettes. Si vous le faites habituellement debout, faites-le cette fois-ci en marchant, ou assis. Changez de cadre. Parfois il suffit d’un petit quelque chose pour que tout revienne.
Si malgré tout cela,le«oui» et le «non»bloquent toujours, donnez-vous simplement le droit de reprendre la conversation plus tard. Peut-être que ce sera un meilleur moment, plus relax, plus approprié.
12. Parfois ça dit n’importe quoi et j’abandonne. Que faire ?
Ça nous est arrivé aussi et, parfois, ça peut être carrément frustrant ! Plusieurs hypothèses :
Vous n’êtes plus ou pas assez aligné. Il suffit parfois de manger un petit bout si vous avez un creux subit, d’écouter votre besoin d’aller aux toilettes ou de passer ce coup de fil qui vous préoccupe. Ou simplement, détendez-vous : relâchez vos épaules, trouvez une position confortable, installez-vous dans une pièce où vous vous sentez à l’aise pour faire votre communication connectée, respirez de manière détendue... Bien souvent cela suffit déjà.
Revérifiez si vous avez bien l’autorisation avec vous-même et avec votre bébé.
Vérifiez avec quelle intention vous avez démarré cette conversation. Peut-être avez-vous des attentes qui font interférence (voir chapitre 4 – Les conversations qui ne font pas sens, page 73).
Donnez-vous le droit aussi d’entendre les réponses de votre bébé, quelles qu’elles soient. Parfois ce simple choix « Je suis prêt à accueillir toutes les réponses » suffit pour remettre la conversation sur les bons rails.
Si après ces quelques tentatives, les réponses que vous obtenez semblent toujours dénuées de sens, acceptez l’idée que parfois, nous ne comprenons pas tout, comme dans une conversation classique d’ailleurs.
En tout cas, nous vous souhaitons de ne pas baisser les bras pour autant. Un sportif qui se prépare pour une course accepte que certains jours, il peine plus que d’autres. Faites comme lui, accordez-vous le droit de ne pas être encore tout à fait au point et surtout persévérez, pratiquez et entraînez-vous encore !
13. Parfois, je cherche dans tous les sens, mais je n’arrive pas à trouver ce que mon bébé veut dire. Comment faire ?
Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul(e), ça nous arrive aussi parfois de proposer toutes sortes de pistes à notre bébé et qu’aucune d’entre elles ne corresponde à son ressenti.
Si vous ne l’avez pas déjà fait, plutôt que de proposer quelque chose de très précis à votre bébé, débroussaillez d’abord avec des grandes catégories (par exemple : c’est en rapport avec une personne ? Un lieu ? Un animal ? Une pensée ?... Autre exemple : c’est lié à un évènement passé ? Présent ? Futur ?).
Arrêtez-vous quelques instants, au besoin, fermez les yeux et respirez profondément. Écoutez votre intuition. Peut-être qu’une nouvelle piste émerge en vous ? Même si elle paraît bizarre, ne vous censurez pas, proposez-la à votre bébé.
En dernier recours, utilisez éventuellement les enchaînements de questions présentés au chapitre 3 (voir page 55).
Un conseil : essayez de ne pas vous agacer, même si ça prend un peu de temps. Au contraire, amusez-vous, prenez la conversation comme un grand jeu de devinettes. Si vous trouvez, tant mieux ; si vous ne trouvez pas, ce n’est pas grave. Vous ne connaissiez pas la communication connectée avant de lire ce livre et vous trouviez vos propres solutions. Servez-vous de cet outil avec plaisir, pas pour vous rajouter du stress.
14. Je sens que ça ne marche pas quand je suis stressé(e). Pourquoi ?
En fait, votre question ne s’applique pas seulement aux communications connectées, mais aussi aux conversations quotidiennes. Prenons l’exemple d’une amie qui aurait des soucis professionnels et qui veut vous en parler. Si vous passez une soirée ensemble, rien qu’à deux, vous pourrez probablement lui offrir une belle écoute. Par contre, si elle choisit de vous en parler alors que vous êtes en retard pour prendre un train, votre écoute risque de ne pas être la même. Idem avec la communication connectée : si on est stressé(e), il est fort à parier qu’on ne soit pas vraiment à l’écoute, disponible pour une vraie rencontre de cœur à cœur.
Dans ce cas-là, que faire ? À vous de choisir. Dans notre exemple, le mieux est probablement de dire à l’amie que vous la rappellerez une fois bien installé(e) dans le train. Avec votre bébé, vous pouvez aussi choisir de reporter votre conversation à un autre moment, plus propice. Ou alors vous pouvez essayer, pendant quelques minutes, de mettre vos préoccupations de côté et de chercher un peu de calme intérieur, le temps de converser avec votre enfant.
15. À partir de quel âge puis-je communiquer avec mon bébé ?
Personnellement, nous avons commencé à utiliser la communication connectée avec notre enfant dès les premiers jours. Nous nous connectons à une partie sage et inspirée du bébé, une partie sans âge, qui est présente dès la naissance. Et même avant d’ailleurs : lors de nos ateliers, nous avons eu l’occasion d’accueillir des futurs parents et les communications avec leur bébé, encore dans le ventre, étaient tout aussi riches qu’elles peuvent l’être avec un bébé déjà né. Si cela vous parle, n’hésitez donc pas à commencer aussi tôt que vous le désirez, et pourquoi pas dès le début de votre aventure. Si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur cette forme de sagesse chez les bébés avant et après la naissance, il y a plusieurs livres émouvants à ce sujet qui sont mentionnés dans la bibliographie commentée à la fin du livre (page 173).
16. Je comprends que ça marche pour dénouer des situations présentes ou passées. Peut-on aussi poser au bébé des questions concernant ses besoins futurs ?
Oui et non. Nous avons remarqué que les enfants étaient capables de répondre avec une grande précision au sujet de leurs besoins tant qu’il s’agissait d’un futur très proche. Par exemple, on peut lui demander quand il sera prêt pour la sieste, et les réponses sont généralement très précises – du genre « dans 22 minutes » (et effective- ment 22 minutes plus tard...). Autre exemple : lui demander si après le goûter, il aura une préférence pour jouer à la maison ou à la plaine de jeux. Quand il s’agit d’un futur plus lointain (par exemple si on lui demande d’ici combien de jours ou semaines il passera des nuits complètes), c’est plus douteux. Mais pour être honnête, nous n’avons jamais vraiment posé ce genre de questions, donc c’est une hypothèse que nous formulons. Comme toujours, il nous paraît intéressant de nous pencher sur les intentions qui nous animent : y a-t-il quelque chose d’intéressant dont nous pourrions prendre conscience derrière ce désir d’anticiper le futur ? Pour poursuivre l’exemple, qu’est-ce qui se cache derrière notre envie de savoir quand notre bébé fera ses nuits ? C’est peut-être l’occasion de nous rendre compte que nous sommes à bout de fatigue. Le fait de se le dire aussi clairement – Je suis à bout ! – peut nous aider à réagir. Nous pourrions choisir de consulter un pédiatre, un ostéopathe, un kinésiologue ou autre. Peut-être qu’un proche pourrait garder l’enfant, le temps pour nous de dormir une nuit complète. Peut-être pourrions-nous changer quelque chose dans l’alimentation du bébé pour l’aider à passer ses nuits ? Que ces pistes nous apportent ou non la solution, nous voilà en tout cas devenus acteurs face à la problématique. Ce qui est finalement plus important que d’espérer une réponse de notre bébé à propos d’un futur éloigné, réponse qui d’ailleurs ne sera peut-être pas très fiable.
2. Vos interrogations (ou celles de votre entourage)
1. Je vois bien que ça marche. Parfois, je me demande quand même : c’est qui ou c’est quoi à l’intérieur de l’enfant qui répond aux questions que je lui pose ?
Il y a manifestement chez nos bébés une partie qui est capable de s’exprimer avec une précision surprenante... mais c’est quoi ? À force d’écouter ce qu’exprimait notre bébé à travers les communications connectées, nous avons compris ceci :
D’un côté, la part du bébé qui s’exprime est pleinement capable d’entendre un langage d’adulte. Il ne faut pas simplifier le vocabulaire, édulcorer les messages ou faire des raccourcis dans les raisonnements.
Et d’un autre côté, tout en comprenant un langage d’adulte, cette part du bébé vit manifestement les choses pour la première fois. Il y a la première fois qu’il passe du temps loin des parents, qu’il va à la crèche, à la piscine... toutes ces premières fois sont autant d’événements nouveaux pour le bébé, y compris pour cette partie « sage » en lui.
Prenons l’histoire racontée ailleurs dans le livre, quand notre bébé a exprimé par des pleurs sa colère d’avoir été plongé – sans aucune préparation – pour la première fois dans une piscine. Quand nous lui avons proposé, au cours d’une communication connectée : « Est-ce que tes pleurs sont liés à notre sortie à la piscine cet après-midi », il répond : « Oui ». Il est donc manifestement capable de comprendre, au niveau du vocabulaire, le sens du mot « piscine ». Il n’a pas besoin qu’on lui définisse ce mot (un volume creusé dans la terre, rempli d’eau pour se baigner dedans). Mais il a manifestement besoin de comprendre ce qui lui arrive quand on l’emmène pour la première fois à la piscine (« c’est un endroit pour jouer, qui te rappellera peut-être l’époque où tu étais dans le ventre de ta maman. Tu peux t’y sentir en sécurité, car je te tiendrai bien dans mes bras, la tête hors de l’eau »).
Pour nous, ce qui répond chez le bébé est sa part intemporelle, pleine de sagesse, qui a probablement déjà vécu beaucoup de choses (peut-être plus que nous d’ailleurs), mais elle vit cette vie-ci pour la première fois et (re)découvre toute une série d’expériences. Cette façon de voir les choses résonne peut-être chez vous. Sinon, à vous de choisir comment interpréter et nommer cette part autrement, en fonction de votre façon d’envisager la vie.
2. Les réponses, comment puis-je être sûre qu’elles viennent de mon enfant et pas juste de mes propres projections ?
La question est pertinente : on ne peut jamais être sûrs à 100 % que les réponses viennent bien du bébé. Notre mental peut consciemment ou inconsciemment interférer et faire dire aux baguettes ou au test musculaire ce que nous aimerions entendre. Il est donc sain d’écouter toujours les réponses avec un zeste de doute et une belle dose de bon sens.
Au passage, notons que cela n’est pas propre à la communication connectée. Dans la vie de tous les jours, quand nous écoutons des collègues, des amis ou notre conjoint(e), combien de fois ne nous arrive- t-il pas d’entendre autre chose que ce que l’autre a voulu dire ? Nos conversations entre adultes ne sont pas fiables à 100 % non plus ! Nous avons pris la mesure de cette vérité après quelques mois de pratique de la communication connectée. À force de questionner nos attentes et nos intentions avec notre bébé, nous en avons naturellement fait de même pour les conversations avec d’autres adultes. Et nous avons constaté que, plus qu’avec notre bébé d’ailleurs, nous pouvions avoir des intentions et des attentes polluantes. Au final, la communication connectée nous a aidés à mieux écouter aussi nos amis et nos familles.
Pour continuer le parallèle avec les discussions classiques : comment savons-nous si nous avons réellement compris quelqu’un avec qui nous parlons ? C’est parce qu’il nous offre une réaction en retour qui montre qu’il se sent compris ; ou au contraire, parce qu’il montre qu’on est à côté de la plaque en fronçant des yeux. C’est pareil avec un bébé. Si tout d’un coup les pleurs s’arrêtent, ou s’il retrouve le sourire alors qu’il était grincheux, c’est peut-être juste le fruit du hasard... ou peut-être un signe qu’il sent qu’on a entendu ce qu’il avait sur le cœur.
Dans notre cas, ce n’est qu’après quelques mois que nous avons pleinement accepté que les réponses venaient bien de notre enfant. Les cas où notre bébé s’arrêtait de pleurer dès qu’on communiquait avec lui s’accumulaient les uns après les autres et nous avons fini par accepter que cela ne soit pas dû à chaque fois au hasard. Peut-être derrière votre question se cache-t-il aussi l’idée que cela paraît un peu fou de pouvoir se brancher sur son enfant et de recevoir ses réponses. Il est peut-être intéressant de distinguer deux plans différents : il y a le plan du mental, de notre tête, qui veut comprendre, qui veut des certitudes. Ces certitudes n’existent pas, même si scientifiquement il y a des choses très intéressantes qui pourraient expliquer comment fonctionne la communication connectée (voir chapitre « Pour aller plus loin – pistes d’explications scientifiques et énergétiques », page 113). Et puis il y a le plan du cœur, qui a sa propre logique. C’est sur ce plan-là que vous pouvez choisir de vous placer pour rentrer en communication connectée avec votre enfant.
3. Avec le test musculaire, je me demande souvent si les réponses que j’obtiens ne sont pas dues au fait que j’appuie peut-être trop fort ou pas assez fort.
C’est une hésitation normale au début. Vous devez simplement continuer à pratiquer pour développer votre sensibilité. Après un temps, vous sentirez que la réponse ne vient pas de vous, que vous ne la contrôlez pas. Au besoin, essayez de vous entraîner avec un autre muscle (voir chapitre 2, page 39 pour quelques suggestions). Et vous pouvez évidemment toujours utiliser les baguettes. Avec elles, la question d’appuyer trop ou pas assez fort ne se pose pas. Rappelez-vous bien la chose suivante : ne cherchez pas à offrir une résistance avec le muscle sur lequel vous faites le test. Ne pensez même pas à cette partie-là du corps. Focalisez-vous plutôt sur la partie du corps qui « lit » le signal, c’est-à-dire celle qui appuie doucement : rencontre-t-elle une petite résistance ou rentre-t-elle comme dans du beurre ?
4. Je vois bien que ça marche, mais j’ai du mal à accepter complètement l’idée, cela me paraît trop fou.
Face à quelque chose de nouveau, nous avons chacun notre manière propre de réagir. Certains acceptent d’emblée la communication connectée, d’autres ont besoin de plus d’explications pour se sentir à l’aise. Vous faites peut-être partie de la deuxième catégorie. Lisez éventuellement le chapitre « Pour aller plus loin – pistes d’explications scientifiques et énergétiques » (page 113). Il n’y a pas de « preuve » scientifique qui montre que la communication connectée fonctionne, mais il y a suffisamment de phénomènes similaires qui ont été étudiés – à savoir de l’information transmise en pensée et à distance – pour dire que ce n’est pas impossible ou tout à fait fou. De nombreuses théories scientifiques ont d’ailleurs été émises pour essayer d’expliquer ces phénomènes. Au passage, à qui appartient cette voix qui dit : « Est-ce que ce n’est pas un peu fou tout ça ? ». Est-ce vraiment la vôtre ? Ou celle que vous prêtez à d’autres personnes qui vous verraient pratiquer la communication connectée ? Nous vivons dans une époque qui se veut très rationnelle et qui n’est pas toujours tendre envers les pratiques nouvelles ou alternatives. C’est pourquoi, dans notre cas, nous avons pris du temps pour nous faire notre propre opinion, avant d’en parler autour de nous. N’hésitez pas à en faire de même.
5. Est-ce que ça ne complique pas la journée ? Déjà comme ça, je me sens souvent débordé(e).
Oui, c’est vrai, la communication connectée invite à créer de nouvelles habitudes et nos vies sont parfois tellement remplies qu’il nous semble impossible d’y rajouter quoi que ce soit.
En pratique, une fois qu’on en a pris le pli, les communications connectées ne prennent rarement plus de quelques minutes. Et en dénouant rapidement ce qui préoccupe un bébé, on évite que cela ne s’amplifie et s’exprime finalement d’une manière moins facile à accompagner. Au final, vous découvrirez probablement que ces quelques minutes vous feront gagner du temps. Et puis, regardons la chose sous un autre angle. Avec des enfants plus âgés, des ados et des adultes, si on sent qu’ils ont quelque chose sur le cœur, on prend généralement le temps qu’il faut, ne serait-ce que quelques minutes, pour les écouter. Si l’on croit que les bébés sont des êtres à part entière, capables de ressentir profondément les choses et de les exprimer, pourquoi ne pas leur offrir la même écoute que celle qui nous paraît naturelle pour des enfants plus âgés ?
6. Est-ce que ce n’est pas un peu artificiel ? Des parents ont été des bons parents depuis des millénaires sans avoir besoin de ça.
Cela va sans dire, on peut évidemment être de très bons parents sans la communication connectée. Et la communication connectée ne nous transforme pas par magie en parents parfaits. Mais ce n’est pas parce que c’est une pratique nouvelle qu’elle est artificielle pour autant. Au contraire, il nous semble qu’elle répond à un besoin profond et inné chez le bébé : exprimer ses ressentis et ses besoins. Depuis la nuit des temps, des parents ont essayé d’écouter et de comprendre ce qu’exprimaient leurs nouveau-nés. La communication connectée n’est finalement qu’une manière supplémentaire d’écouter et d’échanger avec son bébé.
7. Comment est-ce possible que ça marche à distance, quand on n’est pas à côté de son bébé ?
Nous vous renvoyons ici au chapitre « Pour aller plus loin – pistes d’explications scientifiques et énergétiques » (113). Ce que l’on sait, avec une relative certitude, grâce à un grand nombre d’expériences scientifiques faites dans le domaine, c’est qu’effectivement, des informations peuvent se transmettre sans la parole et à distance – même à de très grandes distances. Des physiciens et d’autres chercheurs encore ont émis différentes théories pour expliquer comment cette information pourrait se transmettre à distance. À ce stade, il n’y a pas encore de consensus autour de l’une ou l’autre de ces théories. Peut-être que nous en saurons plus d’ici quelques années. Si cette question vous intrigue, tenez une communication connectée à distance avec votre enfant et voyez si ça marche. Au passage, rappelez-vous que d’un point de vue éthique, les occasions de se connecter à distance ne se justifient que rarement (voir chapitre 1, page 30). Nous préconisons de pratiquer la communication connectée le plus possible en présence du bébé.
8. Est-ce que mon bébé peut déjà comprendre un vocabulaire d’adulte, identifier ses besoins et ses émotions et les exprimer ? Neurologiquement il n’est pas prêt.
On s’est posé la même question ! Car effectivement, d’après les connaissances actuelles, neurologiquement, un bébé n’est pas capable de parler, de comprendre des raisonnements complexes, etc.
Tout ce qu’on peut dire, c’est que nous avons constaté qu’un bébé avait une vie intérieure très riche et qu’il était capable de la partager avec nous à travers le test musculaire. Nous ne sommes évidemment pas les seuls à avoir fait cette expérience. La plupart des kinésiologues et beaucoup de praticiens d’autres formes d’aide en font l’expérience au quotidien (voir la bibliographie, page 173).
Il faut donc probablement admettre qu’il existe chez les bébés, dès la naissance, voire avant, une forme de profondeur qui dépasse leur développement neurologique. Cette profondeur, de nombreux parents l’entrevoient parfois dans le premier regard de leur bébé juste après la naissance. Au fond de ce regard, on sent une présence qui nous trouble et qui dépasse ce qu’on pouvait s’attendre à rencontrer chez un nouveau-né.
Pour certains, l’éventualité d’une part profonde chez un bébé n’est pas envisageable, c’est même aberrant. Nous pouvons comprendre ce point de vue et n’avons pas l’intention de convaincre qui que ce soit. Mais si pouvez imaginer qu’un bébé puisse avoir cette profondeur en lui, alors n’hésitez pas à vous lancer et à vous faire votre propre opinion. Il nous semble que notre époque s’ouvre à ce genre d’idées. Il y a une cinquantaine d’années, lorsque Françoise Dolto proposait de parler aux bébés dès la naissance parce qu’ils étaient capables de comprendre, cela semblait absurde à certains. Aujourd’hui, pour de plus en plus de parents, c’est devenu naturel de parler aux bébés (même si ceux-ci ne sont pas encore prêts neurologiquement pour les comprendre). Alors pourquoi ne pas tenter l’étape suivante : écouter aussi ce qu’ils ont à nous dire.
9. Mon enfant pleure, alors qu’il me dit des choses positives. Comment est-ce possible ?
Ça nous a d’abord paru contradictoire, à nous aussi. Nous pensions que les pleurs seraient dus à la colère, la frustration, la tristesse ou la solitude. Mais nous avons constaté que très souvent, derrière les pleurs de notre bébé pouvait se cacher tout à fait autre chose. Parfois il a simplement une question à poser. Parfois ce sont des émotions très belles à partager. N’ayant pas encore la parole, le bébé ne sait parfois pas comment partager ou gérer ses émotions autrement que par les pleurs. Pour nous, cette découverte a été importante. Sans elle, nous aurions eu tendance, naturellement, à plaquer une mauvaise interprétation sur ses pleurs, celle d’une réalité inconfortable.
Imaginons des parents qui essaient de calmer leur petit en pleurs en lui disant « C’est pas grave, ça va passer, mon bébé ». S’il voulait en fait leur exprimer tout l’amour qu’il ressent pour eux, il y aurait de quoi être perplexe en entendant « c’est pas grave, ça va passer » !
Ne tirons donc pas de conclusions trop hâtives quand notre bébé pleure. Parfois, c’est le seul moyen à sa disposition pour exprimer sa vie intérieure, qu’il s’agisse de choses confortables ou inconfortables, positives ou négatives.
10. Je pratique la communication connectée et c’est super, mais je n’ose pas en parler autour de moi. Quand, à l’occasion, je l’ai fait, ça a été mal accueilli.
Certaines personnes dans votre entourage ne sont peut-être pas réceptives à ce genre de technique. Le plus juste, nous semble-t-il, c’est d’accepter ces personnes telles qu’elles sont et de respecter leurs points de vue, sans vouloir les changer ni les convaincre. Au fond, le plus important, c’est ce qui se joue entre vous et votre bébé. Le fait que vous en parliez ou non à votre entourage est finalement assez accessoire. Il n’y a aucune obligation de s’en cacher, mais il n’y a aucune obligation d’en parler non plus.
Comme nous parlons souvent de l’intention dans ce livre, profitez-en au passage pour regarder de plus près ce qui vous motive dans l’envie d’en parler autour de vous. Est-ce pour convaincre ? Est-ce pour trouver en l’autre un allié qui vous conforterait (inconsciemment) dans le bien-fondé de cette technique ? Est-ce pour paraître original ou différent ? (Nous avons connu par instants chacune de ces tentations). Ou est-ce sincèrement pour partager votre découverte ?
En y regardant de plus près, peut-être arriverez-vous à la conclusion que vos intentions n’étaient pas les plus propices à ce que la discussion se déroule bien. Alors gardez cela pour vous encore un temps. Parfois il y a des choses qu’il est bon de couver en soi pour les savourer avant de les partager. Si au contraire vos intentions vous semblent justes et que vous avez envie de partager votre expérience avec une personne réceptive, alors n’hésitez pas, ça peut être l’occasion d’une belle discussion.
11. Je pratique la communication connectée, mais mon mari n’y croit pas vraiment.
Oui, cela peut arriver, nous ne sommes pas forcément synchrones sur tout, au sein du couple.
Il y a, nous semble-t-il, deux cas de figure. Le premier : votre partenaire n’y croit pas mais ne voit aucun souci à ce que vous communiquiez de cette manière avec votre bébé. Bref sans y adhérer, il respecte votre choix. Dans ce cas, acceptez aussi que lui n’ait pas le même élan et que vous vivrez – pour un temps au moins – cette aventure seule. Nous ne sommes pas obligés de toujours tout faire en même temps dans le couple, heureusement d’ailleurs. Peut-être vous rejoindra-t-il plus tard, par exemple s’il voit que cette pratique se révèle bénéfique pour votre enfant et votre famille. Un conseil en tout cas : partagez avec lui les échanges marquants que vous aurez eus avec votre enfant, sinon vous risquez avec le temps d’avoir des vécus qui commencent à diverger. Le but de la communication connectée est de rapprocher la famille, pas de la séparer !
Deuxième cas de figure : votre partenaire n’adhère pas à la communication connectée et il vous fait comprendre qu’il n’aime pas que vous la pratiquiez. Avec des points de vue aussi divergents, à nos yeux, la manière de s’en sortir par le haut est de prendre le temps d’en parler ouvertement pour trouver une solution qui convienne à chacun. Sans cette discussion, aucune des possibilités qui s’offre à vous n’est vraiment respectueuse : allez-vous pratiquer la communication connectée contre son gré ? En cachette ? Ou allez-vous abandonner quelque chose qui venait d’éveiller votre curiosité et qui vous tient peut-être à cœur ? Au passage, si vous ne trouvez pas de consensus avec votre partenaire, imaginez le message que votre enfant pourrait capter : « Écoute, mon bébé, j’aimerais bien communiquer de cette manière avec toi, mais papa ne veut pas ». Ou alors : « Je communique avec toi en cachette, mais il ne faut pas que papa le sache ! ». Cette discussion pourra vous servir peut-être aussi pour la suite : il est rare que dans l’éducation d’un enfant, on soit toujours d’accord sur tout. La vie devient tellement plus simple quand on trouve une manière de parler de ces situations de façon constructive au sein du couple.
3. Risques
1. N’y a-t-il pas un risque d’importuner mon bébé avec des questions d’adulte ? Pourquoi ne pas le laisser vivre ses premiers mois dans son univers de nourrisson tout simplement ?
Peut-être faites-vous référence à une tendance actuelle de vouloir parfois sur-stimuler les enfants, à vouloir les tirer vers le haut et leur faire faire des activités qui ne sont pas encore de leur âge. Notre démarche ne s’inscrit pas là-dedans, le but n’est pas de traiter les bébés comme des adultes en miniature ou en faire des petits Einstein ! Donc, oui, rencontrons-les dans leur univers et ne lésinons pas sur les câlins, les petits mots doux, les sourires, les silences attendris... Et si l’on accepte que les bébés ont dès le début une part profonde et pleine de sagesse, alors rencontrer pleinement les bébés dans leur univers signifie aussi aller à la rencontre de cette partie-là. D’après ce que nous avons pu observer, elle ne demande d’ailleurs qu’à s’exprimer. Pour autant qu’on leur demande bien l’autorisation et qu’on clarifie nos intentions, il n’y a pas de risque d’importuner les bébés. C’est tout l’inverse : on observe qu’ils sont bien souvent soulagés d’avoir pu être entendus.
2. N’y a-t-il pas un risque de devenir accro à cette technique, de s’y fier aveuglément ?
Oui, ce risque existe : si vous avez tendance à donner beaucoup de pouvoir aux autres (au personnel de l’école, à votre famille, à votre conjoint, etc.), le même phénomène peut se repro-duire ici. Vous risquerez de vous retrancher rapidement derrière « les baguettes ont dit que... ».
Autre exemple : si vous rêvez d’être un parent parfait, il est possible que vous utilisiez cette technique pour être sûr de prendre toujours les meilleures décisions, de toujours faire les choses au mieux pour votre bébé, etc. Restons donc vigilants à nos intentions (voir chapitre 5, page 87), avec légèreté mais lucidité. Comme on l’explique plus longuement au chapitre 4 (page 73), nous devons prendre garde de ne pas nous fier aveuglé- ment aux réponses obtenues par la communication connectée. Il n’est jamais à exclure qu’une part consciente ou inconsciente de nous influence les réponses. Et quoi qu’il en soit, notre responsabilité de parents nous invite à garder notre sens critique et à agir avec discernement. La communication connectée peut nous apporter des réponses, mais elle ne doit évidemment pas se substituer ni à notre bon sens, ni à d’autres sources d’information (pédiatre, famille, amis) utiles dans notre aventure de parent.
3. Ne va-t-on pas priver l’enfant de s’exprimer plus tard par la parole, s’il sait que ses parents pourront l’écouter avec la communication connectée ?
Non, d’après nous, ce risque n’existe vraiment pas ! L’envie d’apprendre à parler est tellement grande chez les enfants, tellement innée, que la communication connectée ne va pas les en empêcher. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir à ce sujet-là. C’est l’inverse qui se produit. Quand l’enfant apprend à s’exprimer par la parole, le nombre de communications connectées diminue progressivement.
4. Est-ce qu’on n’en fait pas un enfant roi, qu’on consulte sur tout ?
Soyons clairs : le but de la communication connectée n’est évidemment pas de donner les manettes à l’enfant pour décider de tout à notre place. On lui offre simplement la possibilité de s’exprimer ; nous restons libres, en tant que parents, de donner suite ou non à ce qu’il nous aura dit.
C’est un outil à utiliser avec bon sens. Pour faire une analogie, imaginons que votre enfant de 6 ans vous dise qu’il veuille absolument rester jouer encore un peu chez son copain. Mais vous devez vraiment partir sans tarder pour aller chercher sa petite sœur avant la fermeture de la crèche. Tout en comprenant son envie, vous choisirez probablement de ne pas y répondre. Un autre jour, vous aurez peut- être la latitude de le laisser terminer son jeu. Pareil ici, ce n’est pas parce que notre bébé exprime quelque chose que nous devons nous exécuter automatiquement. Expliquez-lui votre besoin à vous et pourquoi vous décidez en tant que parent d’y donner priorité. Ainsi, l’enfant apprendra à exprimer ses besoins et aussi à accepter qu’ils ne seront pas forcément toujours satisfaits. Le risque n’est donc pas tant de consulter son bébé, mais plutôt d’assouvir tous ses désirs. Et là, c’est à vous de décider de ce qui vous semble juste comme limites à poser pour lui et pour vous.
5. Ne risque-t-on pas de créer un besoin de communication chez l’enfant qu’il n’avait pas auparavant ?
On peut se poser la question : est-ce que le besoin n’existait pas ou est-ce qu’on n’avait pas les outils pour l’écouter ? Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur l’idée que dès la naissance, les bébés ont un besoin intense d’interagir avec leur entourage. Nous pensons que cela inclut aussi le besoin de dire et de demander des choses.
Cela dit, pour le plaisir d’explorer votre question, imaginons malgré tout l’inverse : un bébé découvre la communication connectée et y prend goût. Quel(s) inconvénient(s) pourrait-on y voir ? On pourrait par exemple craindre que cela nous demande trop de temps ou de patience, à nous parents. Si tel est votre cas, vous pouvez vous référer à la question « Combien de temps la technique requiert-elle au quotidien ? » (page 139). Et puis, si vous craignez vraiment de créer un « faux besoin », rien ne vous oblige évidemment à vous lancer dans cette aventure. Essayez si vous êtes curieux, mais ne vous forcez pas si vous avez des hésitations !
6. Est-ce qu’on ne risque pas de surprotéger son bébé ? Si on décode chacune de ses contrariétés avec la communication connectée, il n’apprendra pas à gérer les frustrations qui font partie de la vie.
C’est vrai, les frustrations font partie de la vie. Il y a beaucoup de contraintes au quotidien auquel tout bébé doit se frotter. Peut-être n’aime-t-il pas rentrer dans le bain ou au contraire n’aime-t-il pas en sortir. Parfois il faut le réveiller au milieu de sa sieste ou l’installer dans sa poussette alors qu’il n’en a pas envie.
Personne n’a jamais dit qu’il fallait protéger son bébé de la moindre frustration – ce serait bien illusoire ! – et on ne va pas ouvrir à chaque petite frustration une communication connectée avec le bébé pour voir comment il a vécu la chose. Pour des petites frustrations vite passées – du genre « Je n’avais pas envie de sortir du bain » – nous n’avons pas besoin d’utiliser cette technique pour lui permettre d’exprimer son ressenti,
c’est suffisamment clair. En revanche si, une demi-heure plus tard, il reste grincheux, quelque chose d’autre se joue peut-être. Alors une communication connectée pourrait prendre tout son sens pour l’aider à s’exprimer. À vous de voir ce qui vous semble juste. Comme souvent, il faut trouver le bon équilibre. Il serait absurde de vouloir éviter et décoder absolument toutes les frustrations possibles et imaginables. Et à l’autre extrême, il serait évidemment déplacé de rester indifférent aux frustrations importantes qu’exprimerait votre bébé, si vous aviez des outils et de la disponibilité pour l’aider.
7. J’ai l’impression que la technique a été inventée pour éviter tous pleurs aux bébés. Moi, je pense que c’est bon de laisser parfois pleurer un bébé.
C’est un choix fondamental que nous sommes tous amenés à faire en tant que parents : comment réagir face aux pleurs de notre bébé ? Certains experts préconisent de l’habituer à pleurer, d’autres disent l’inverse : il ne faut jamais le laisser pleurer. Nous ne prétendons pas avoir la vérité sur ce sujet. En ce qui nous concerne, la communication connectée nous a permis de sortir de ce choix un peu binaire (laisser pleurer/ne pas laisser pleurer) : nous commençons par écouter le besoin que notre bébé exprime à travers ses pleurs.
Le plus souvent, il a besoin de dire ou d’entendre quelque chose, et une fois que c’est fait, il s’apaise. Alors oui, dans ces cas-là, on bénit notre chance d’avoir découvert la communication connectée : ça nous ferait mal au cœur de laisser s’enfoncer notre enfant dans les pleurs alors qu’une solution était à portée de main (littéralement d’ailleurs). Mais dans d’autres cas, il nous exprime que son besoin, c’est précisément de pleurer ! Cela rejoint ce que dit Aletha Solter (voir à ce propos la bibliographie en page 173) : parfois le bébé a simplement besoin de pleurer, par exemple pour digérer ou décharger un trop-plein de stimulations de la journée. Alors dans ce cas-là, nous choisissons de prendre notre bébé dans nos bras et d’accueillir ses pleurs avec amour et présence. Au risque de nous répéter : ceci est notre façon de faire, à vous de trouver celle qui vous convient. Mais si vous pratiquez la communication connectée, on vous invite évidemment à aller écouter ce qu’il y a derrière les pleurs de votre bébé. Comme on le ferait d’ailleurs avec un enfant plus âgé ou un adulte qui pleure : on lui demanderait s’il souhaite nous dire ce qui se passe et si on peut l’aider.
8. Est-ce qu’on n’envahit pas l’intimité de son bébé – comme si on lisait dans son carnet intime ?
Au début de chaque communication connectée, on commence toujours par demander l’autorisation, à soi-même et à son enfant. Sans son autorisation, on ne va pas plus loin. La communication connectée est une opportunité pour aller rencontrer nos bébés, de cœur à cœur, avec bienveillance et respect ; il ne s’agit évidemment pas d’y aller au pied-de-biche. Au-delà de l’autorisation se pose la question fondamentale de nos intentions : pourquoi proposons-nous une communication connectée à notre bébé ? Soyons tout à fait honnêtes avec nous-mêmes – est-ce que nous communiquons pour lui offrir un espace de dialogue ou cherchons-nous à combler notre besoin de savoir ? Si c’est une curiosité un peu intrusive qui nous anime, alors arrêtons-nous là.
Si nous prenons ces deux précautions – vérifier notre intention et demander l’autorisation – nous nous donnons les meilleures chances de respecter l’intimité de notre bébé.
9. Pour des choix importants (par exemple, traitements médicaux de mon bébé), est-ce que je peux m’en remettre à la communication connectée ?
On l’avoue : cette question ne nous a jamais été posée telle quelle, mais elle nous paraît tellement fondamentale que nous l’avons rajoutée à la liste. C’est un scénario qu’il faut évidemment prévenir : que des parents oublient leur bon sens et fassent du tort à leur bébé en se retranchant derrière « le test musculaire ou les baguettes m’ont dit de lui donner tel médicament ou d’arrêter tel traitement ».
Vous êtes peut-être surpris de la sagesse qui s’exprime chez votre bébé à travers la communication connectée. Du coup, vous pourriez être tenté d’interroger cette sagesse aussi en cas de maladie. Ici, notre réponse est sans équivoque : ne déléguez jamais à la communication connectée votre responsabilité de parent, par exemple en ce qui concerne la santé de votre enfant. Gardez toujours votre sens critique et votre discernement. La communication connectée ne remplace évidemment pas les compétences d’un pédiatre, les diagnostics médicaux sont réservés au corps médical.
Par contre, vous pouvez évidemment communiquer avec votre bébé pour l’accompagner pendant une maladie. Comment se sent-il ? A-t-il besoin d’explications pour comprendre ce qui lui arrive ? Aimerait-il que vous fassiez quelque chose pour l’aider à vivre au mieux cette phase de sa vie ? La communication connectée peut vous rapprocher et vous aider à traverser ensemble cette période particulière qui vous affecte peut-être tous les deux.
4. La Communication Connectée au-delà des bébés
1. Vous vous adressez aux parents, mais ça pourrait aussi être une belle technique pour nous, les grands-parents ?
C’est dans le cadre de la relation parents-bébé que la communication connectée trouve naturellement sa place. Cela dit, si votre petit-fils ou petite-fille passe à l’occasion ou régulièrement du temps seul(e) avec vous, sans ses parents, pourquoi effectivement ne pas apprendre, vous aussi, à communiquer avec le bébé ?
Notre avis sur la question : avant toute chose, parlez-en ouvertement et franchement avec les parents. La communication connectée demande aux parents d’avoir des intentions limpides vis-à-vis de leur bébé. Avec les grands-parents se rajoute une complexité supplémentaire : les intentions doivent être limpides aussi entre parents et grands-parents.
En tant que parent : êtes-vous tout à fait à l’aise que les grands- parents puissent se brancher sur votre bébé, éventuellement à votre insu ? Est-ce que vous êtes à l’aise que votre bébé puisse partager ce qu’il veut avec ses grands-parents ?
En tant que grands-parents : quelle intention vous anime pour communiquer avec votre petit-enfant ? Vous faites-vous confiance de toujours utiliser la communication connectée à bon escient ? Ou se pourrait-il que vous proposez parfois au bébé des paroles que vous ne formuleriez pas en présence de ses parents ? Certains grands-parents pourraient être tentés d’utiliser la communication connectée pour se conforter dans leurs idées. Par exemple, les parents s’y prennent moins bien pour certaines choses, le bébé veut passer plus de temps avec ses grands-parents, la belle-fille travaille trop...
Bref, s’il y a des tensions non résolues entre les parents et les grands-parents, ça risque de se cristalliser dans les communications connectées. Pour cette raison, il est plus simple et préférable que seuls les parents se servent de la communication connectée. Cependant, si entre parents et grands-parents vous jouissez d’une relation harmonieuse et que vous vous faites mutuellement confiance, alors oui, la communication connectée peut devenir un bel outil partagé par toute la famille. Nous vous conseillons malgré tout d’en discuter ouvertement aussi dans ce cas-là pour vous fixer quelques balises. Par exemple :
Les grands-parents pratiquent la communication connectée uniquement quand ils gardent le bébé et que les parents ne sont pas là ;
Les grands-parents partagent, après coup, avec les parents les échanges qu’ils auront eus avec le bébé, pour autant qu’il leur en donne l’autorisation.
2. Jusqu’à quel âge pratiquer la communication connectée ? J’ai un enfant de cinq ans avec lequel j’aimerais communiquer de cette façon. Je sens qu’il a des choses sur le cœur et qu’il n’arrive pas à les dire.
Pour nous, la communication connectée a vocation à prêter la parole à un bébé qui n’en dispose pas encore. Par la suite, lorsque l’enfant apprend à parler, il gagne en autonomie et peut exprimer de plus en plus de choses par lui-même. Mais, comme vous le mentionnez dans votre question, par rapport à certains ressentis ou besoins plus subtils ou plus complexes, l’enfant a parfois du mal à trouver les mots (ce qui reste vrai pour nous, les adultes aussi !).
Dans ce cas-là, sauf urgence, la première étape nous paraît d’aider l’enfant à trouver lui-même ses mots, en lui posant les bonnes questions, sans passer par la communication connectée. Peux-tu me dire comment tu te sens ? C’est plutôt confortable pour toi ? Plutôt inconfortable ? Etc.
Si l’enfant ne parvient pas à mettre des mots sur son vécu, nous pouvons alors lui demander s’il est d’accord qu’on bascule vers la communication connectée. Il ne doit pas nécessairement prendre une part active dans cette communication. Certains enfants seront très attentifs et ne manqueront pas une miette, d’autres pourront jouer à côté, tout en y participant d’une oreille faussement distraite. Dans les deux cas, vous écouter pourra les aider à mieux cerner leurs ressentis et besoins. Ah oui, c’est ça, c’est de l’impatience que je ressens. Ah oui, en fait, j’avais une question qui me démangeait... À la fin de la conversation, vérifiez avec votre enfant si les réponses de la communication connectée correspondent à ce qu’il ressent. Veillons à ne pas plaquer sur lui des réponses péremptoires (« Tu te sens comme ceci ») mais à l’aider à mieux discerner ce qui se passe en lui.
En résumé, il y a donc quatre étapes :
Commencez d’abord avec une conversation « classique ».
Si avec la conversation « classique », vous n’arrivez pas à trouver ensemble les bons mots, proposez à votre enfant de basculer en communication connectée.
Faites la communication à voix haute à côté de lui.
Vérifiez avec lui si le résultat de la communication connectée correspond à son propre ressenti.
À terme, c’est à vous et vos enfants de décider quelle place vous voulez encore donner à la communication connectée une fois qu’ils savent parler. Certaines familles choisiront peut-être de refaire des communications connectées de temps à autre, même avec des adolescents : que ce soit pour trouver les mots justes quand on a du mal à nommer les choses ou pour écouter en finesse notre sagesse intérieure quand la vie nous en éloigne momentanément. Cela pourrait permettre des moments de reconnexion au sein de la famille quand parfois nous perdons du lien, ou des moments d’écoute profonde. Sans jugement et pour honorer une dimension plus sacrée dans nos échanges.
3. En pratique, comment m’y prendre avec un enfant plus âgé ? Je crains qu’il ne trouve ça bizarre si je sors mes baguettes devant lui.
Si vous pratiquez une communication connectée pour la première fois avec un enfant plus âgé, il pourrait effectivement se demander ce qui se passe si tout d’un coup, vous sortez vos baguettes ou si vous n’arrêtez pas d’appuyer sur vos doigts ! D’autres parents se sont posé la même question et nous ont fait part de leurs suggestions. On vous les transmet, prenez celles qui vous inspirent :
Avant d’impliquer l’enfant, pratiquez de votre côté la base de la technique jusqu’à ce que vous soyez à l’aise pour obtenir des « oui » et des « non » ainsi que des réponses à des questions simples.
Trouvez le bon moment et le bon sujet pour lui proposer la première communication connectée que vous ferez ensemble. Autrement dit, évitez de vous lancer en pleine crise ou sur un sujet qui serait peut-être trop délicat.
Ensuite, si l’enfant est d’accord, faites d’abord une démo ludique avec lui pour qu’il comprenne comment ça marche. « Est-ce que tu portes un pantalon rouge ? Est-ce que tu aimes les corn flakes ? Les épinards ? Les moustiques ? »
Quand il se sent à l’aise avec l’approche, lancez-vous. Parlez à voix haute pour qu’il puisse suivre, mais acceptez qu’il puisse aussi avoir envie de jouer ou de se distraire à côté de vous. Parlez de manière naturelle – pas besoin d’être trop sérieux ou solennel, ni artificiellement enjoué.
Si vous sentez que votre enfant n’adhère pas vraiment à cette approche, n’imposez rien. Si au contraire il accroche, vous pourrez lui proposer d’autres conversations quand vous sentirez que cela pourrait être utile. Il vous redemandera peut-être lui-même à l’occasion de « faire les baguettes » pour l’aider à y voir clair. Si cela l’intéresse au point de vouloir reproduire cette technique pour communiquer avec d’autres personnes comme vous l’avez fait avec lui, il nous semble sage de poser une limite. La communication connectée comporte de vrais enjeux de responsabilité et de protection de l’intimité qui ne sont pas forcément évidents pour un enfant. Qui sait, il pourrait être tenté de demander si une telle petite fille de la classe n’est pas amoureuse d’un tel et puis, d’ébruiter la supposée nouvelle... Expliquez-lui qu’un encadrement parental est nécessaire à son âge et que cette technique est là pour l’aider, lui, pas pour communiquer avec d’autres. Et que vous serez là pour lui s’il a besoin d’aide pour mettre des mots sur ses ressentis et ses besoins quand il en fera la demande.
4. Est-ce qu’on peut communiquer de cette façon-là aussi avec des adultes ?
Cette question nous est régulièrement posée. Par exemple, une personne, qui est en mauvais termes avec son père, un voisin ou son boss, pourrait-elle utiliser la communication connectée pour trouver une autre manière de dialoguer ? Notre avis sur la question est très clair : non, la communication connectée n’a pas vocation à être utilisée dans ce genre de situations, à l’insu de la personne. Ce serait un abus de confiance : l’autre personne ne serait probablement pas d’accord que nous dialoguions à son insu avec sa part profonde ! Et de toute manière, dans le cas d’une relation tendue, il est peu probable que notre intention soit suffisamment juste et que nous n’ayons pas d’attente. Les réponses risquent de ne pas être fiables.
Pour les besoins de l’exercice, supposons le temps d’un instant que vous communiquiez malgré tout avec un autre adulte, sans son accord.
Comment vous sentiriez-vous, avec les infos que vous auriez obtenues à propos de l’autre personne, quand vous la reverriez la prochaine fois ? Vous sentiriez-vous totalement à l’aise ? Vous sentiriez un peu supérieur ? Auriez-vous de la condescendance ?
Seriez-vous embarrassé de savoir quelque chose que l’autre ne saurait peut-être pas consciemment à propos de lui-même ?
Comment vous sentiriez-vous (émotionnellement, physiquement, etc.) si l’autre personne apprenait que vous vous seriez connecté(e) à sa sagesse profonde sans son consentement conscient ? Comment cela se passerait-il pour vous si elle vous en faisait le reproche ?
En répondant à ces questions en toute franchise avec vous- même, vous vous rendrez probablement compte à quel point ce genre de situation est délicat. Abstenons-nous donc de communiquer avec la sagesse profonde d’autres adultes à leur insu ! Nous avons la parole, ils ont la parole, à nous de trouver, aussi difficile que cela soit parfois, comment instaurer un dialogue respectueux. Peut-être que cela passe par travailler d’abord sur nous-même, avant d’impliquer l’autre. On peut réfléchir à des questions du genre :
Qu’ai-je à apprendre de cette situation ?
En quoi ai-je contribué à la faire naître ?
Quelle nouvelle attitude de ma part serait bénéfique pour le plus haut bien de tous ?
Et si la situation ne se dénoue vraiment pas, que pourrais-je faire pour la vivre sereinement ?
Personnellement dans ce genre de cas, la communication non violente de Marshall Rosenberg nous a souvent été très utile.
Une petite précision tout de même : dans le cas particulier des adultes qui n’ont pas la parole – par exemple les personnes dans le coma ou celles qui souffrent d’une maladie ou d’un handicap mental majeur – la situation est différente. Avec eux, comme avec les bébés, des échanges classiques par la parole ne sont souvent pas possibles. Avec la communication connectée, on peut alors offrir un bel espace d’écoute et d’échange à ces personnes, si elles le désirent. Nous avons eu le privilège d’accompagner, un jour, un ami lors de sa première communication connectée avec son grand-père qui se trouvait dans le coma. Ces échanges ont été d’une beauté touchante. Depuis lors, cet ami a choisi de converser chaque semaine de cette manière avec son grand-père. Lors des premières semaines, le grand-père partageait surtout des frustrations, des colères et des regrets. Ensuite, les conversations sont devenues plus légères, et aux dires de cet ami, son grand- père semble avoir trouvé une forme de paix intérieure.
5. La Communication Connectée : un outil destiné aux parents ou aux professionnels ?
1. Des séances de Communication Connectée, ça existe ?
Régulièrement, on reçoit des demandes de parents comme : "J'aimerais consulter un spécialiste de la Communication Connectée pour m'aider dans tel domaine avec mon bébé, mais je ne trouve pas de répertoire de professionnels. C'est normal ?”
Oui ! Et la réponse que nous donnons est toujours la même : La Communication Connectée (CoCo) est un outil conçu pour les parents, et qui s'utilise dans le cadre familial. La beauté et la spécificité de la Communication Connectée est que les parents sont autonomes. Ce n’est donc en aucun cas un outil professionnel, ni un outil thérapeutique. Ce n'est pas un métier. Et par conséquent, il n’y a pas de “praticiens” de la Communication Connectée que l’on irait consulter en séance.
Cela veut dire aussi que, pour les personnes qui voudraient recevoir des bébés et leurs parents en séances, cela ne ferait pas de sens de s’établir comme “Communicateur.rice Connecté.e” (puisque la CoCo a vocation à être pratiquée en famille). Par contre, nous vous conseillerions de suivre une formation professionnelle qui débouchera sur un accompagnement thérapeutique. Au passage, avoir une posture de thérapeute nécessite un cheminement personnel intense, des études conséquentes et une certaine expérience. Ce n’est pas à la lecture d’un livre comme “J’ai tant de choses à dire” – aussi beau soit-il :-) – que l’on devient thérapeute.
En résumé :
Ne vous établissez pas comme communicateur.rice connecté.e si vous êtes professionnel ;
Ou n'en cherchez pas si vous êtes parent car cela n’existe pas (et si vous tombez sur quelqu’un qui se dit communicateur.rice connecté.e, merci de diriger cette personne sur cette page). A la place, n'hésitez pas à chercher dans votre région un-e professionnel de la périnatalité (kinésiologue, praticien-ne en Parole aux Bébés, sophrologue, ou autre) qui saura vous accompagner, si vous rencontrez une difficulté qui ne se résorbe pas avec la CoCo et que vous recherchez de l'aide extérieure.
2. LA COMMUNICATION CONNECTÉE ET LA KINÉSIOLOGIE, C’EST LA MÊME CHOSE ? OU EN QUOI EST-CE DIFFÉRENT ?
Il y a un point commun évident entre la communication connectée et la kinésiologie : on utilise le test musculaire pour écouter la sagesse intérieure, ici celle du bébé. Et il y a des différences aussi :
La kinésiologie fait appel à un praticien extérieur, un professionnel, auprès duquel se rendent les parents et le bébé. La communication connectée se pratique par les parents eux-mêmes, au sein de la famille.
Les kinésiologues utilisent généralement des protocoles de questions bien établis, suivant les branches de kinésiologie qu’ils pratiquent. La communication connectée se fait librement, sans protocole (même si les enchaînements de questions s’en rapprochent quelque peu).
On consulte généralement un kinésiologue à des fins thérapeutiques, quand quelque chose d’important coince (le bébé régurgite, pleure sans discontinuer, a de l’eczéma, dort mal...). On ne va pas consulter un kinésiologue pour décoder un moment de pleurs particulier. La commu- nication connectée, elle, se pratique au quotidien, pour décoincer les petites problématiques de la journée et pour le plaisir d’échanger quand tout va bien aussi. Il n’y a pas une visée thérapeutique, il n’y a pas d’équilibrations énergétiques comme en kinésiologie, il s’agit simplement d’une conversation.
Les deux techniques ont donc des modalités et domaines d’applications différents, mais elles sont évidemment compatibles. Si vous pratiquez la communication connectée à la maison, vous pouvez évidemment aussi à l’occasion consulter un kinésiologue avec votre bébé. Inversement : si vous avez été consulter un kinésiologue avec votre bébé et que cela l’a aidé, cela peut vous motiver à apprendre, vous aussi, à communiquer avec cette part profonde chez votre enfant.